Malgré l'engagement du Rwanda à promouvoir un transport écologique et à réduire les émissions de carbone, plusieurs idées reçues freinent encore l’adoption des véhicules électriques (VE). Ces idées, allant des préoccupations sur les coûts aux doutes sur les infrastructures, risquent de ralentir l’acceptation de cette solution durable.

Voici les quatre principales idées reçues sur les VE et la réalité qui se cache derrière elles.

1. Les véhicules électriques sont chers

L'idée que les véhicules électriques sont hors de prix est l'une des idées reçues les plus répandues.

Sichinga Marumbo, responsable du développement commercial et des ventes chez Kabisa, une entreprise de mobilité électrique, explique que les VE coûtent six fois moins à faire fonctionner que les véhicules à moteur thermique (VMT) classiques.

Pour comprendre le coût réel, il faut considérer non seulement le prix d'achat, mais aussi les coûts d’utilisation à long terme.

« Le gouvernement rwandais soutient activement le secteur de la mobilité électrique en offrant des incitations, comme des exonérations fiscales sur les VE importés, ce qui permet d'économiser plus de 48 % sur la TVA, les droits de douane et l'impôt sur le revenu », souligne Marumbo.

De plus, l’électricité utilisée pour recharger un VE coûte environ la moitié du tarif de l'électricité domestique, rendant le coût global de possession encore plus attractif.

Par exemple, une personne dépensant 60 000 RWF par mois en carburant n’aura besoin que de 10 000 RWF pour recharger son VE. Les frais d’entretien sont également beaucoup plus bas, car un moteur de VE a moins de pièces mobiles et ne nécessite ni huile ni liquides à remplacer régulièrement.

2. Difficile de trouver un service d’entretien au Rwanda

Beaucoup pensent qu'il est compliqué de trouver des pièces de rechange ou des services d’entretien pour les VE au Rwanda.

Kabisa a pourtant établi un atelier spécialisé à Gasanze, dans le district de Gasabo, en partenariat avec Safe Auto, un garage dédié aux véhicules électriques et hybrides.

« Les VE ont moins de pièces mobiles que les VMT, ce qui réduit le risque de pannes. La seule pièce spécialisée est la batterie, et il est très rare de devoir la remplacer durant la durée de vie du véhicule », explique Marumbo.

En cas de besoin, remplacer une batterie coûte environ un tiers du prix d’un VE, une somme bien inférieure au remplacement d’un moteur de VMT. De plus, les recherches montrent que la durée de vie des batteries des VE dépasse celle des moteurs thermiques.

3. Les véhicules électriques ne peuvent pas parcourir de longues distances

Beaucoup croient que les VE ne sont pas adaptés aux longs trajets, par crainte de tomber en panne de batterie au milieu de la route.

Kabisa a récemment prouvé le contraire en réalisant le premier voyage en VE à travers l’Afrique de l’Est, allant de Kigali à Nairobi avec un pickup électrique. Ce trajet de 2 400 kilomètres n’a nécessité que quatre recharges avant d’atteindre Nairobi.

« Ce voyage a permis d’économiser environ 315 $ en carburant par rapport à un modèle comme le Toyota Hilux », explique Marumbo.

Les modèles proposés par Kabisa offrent des autonomies variées : de 120 km (Kabisa Commuter) à 520 km (BYD LUX Song Plus) sur une seule charge. Ce dernier modèle peut parcourir la distance entre Nyabugogo et Rusizi sans recharge.

4. La recharge prend trop de temps

Contrairement à ce que certains pensent, il est possible de recharger un VE rapidement. Avec un chargeur DC, il faut 30 minutes pour une charge complète, et jusqu’à six heures avec un chargeur AC.

Kabisa travaille activement à l’installation de bornes de recharge à travers tout le Rwanda. L’entreprise dispose déjà de 23 points de recharge dans toutes les provinces et a récemment annoncé un partenariat avec SP pour en installer 15 de plus, avec le soutien du Rwanda Green Fund.

« Notre objectif est d’avoir des stations de recharge tous les 100 kilomètres. En attendant, vous pouvez facilement recharger votre VE à domicile ou au bureau grâce à une prise standard », explique Marumbo.

Un avenir prometteur pour la mobilité électrique au Rwanda

Démystifier ces idées reçues est crucial pour accélérer la transition vers les véhicules électriques au Rwanda. Avec l’engagement du gouvernement, l’expansion des infrastructures, et des véhicules abordables, fiables et performants, l’avenir de la mobilité électrique semble prometteur.

Comme le souligne Marumbo :

« Maintenant est le moment d'adopter un mode de transport plus propre et plus durable. »